Cette vidéo vous concerne directement si vous travaillez et apprenez le dessin par vous-même.
Si vous êtes autodidacte et débutant, il est vrai que l’on peut se sentir seul devant sa feuille sans
forcément pouvoir analyser ce qui est bon ou pas.
Nous avons tous connu cette situation de se dire que quelque chose n’allait
pas dans notre dessin et de tourner en rond en ne sachant pas quoi exactement.
Que ce soit sur le site dessin-creation ou via les réseaux sociaux, vous êtes
nombreux à m’envoyer des dessins pour me demander conseil.
Mais malheureusement il m’est difficile voire impossible de vous aider au cas par cas.
Mes réponses sont donc souvent encourageantes et je vous donne quelques
conseils pour travailler tel ou tel point, mais dans la plupart des cas il est
difficile de résoudre des problèmes de fond par un simple retour d’e-mail.
Je reçois plusieurs demandes par jour et ce travail se transformerait très vite en travail à plein temps.
Car même si les causes de vos faiblesses en dessin peuvent être multiples,
il est néanmoins possible d’apprendre à les identifier par vous-mêmes.
Et si vous apprenez seul, ce travail d’analyse est essentiel si vous souhaitez vraiment progresser.
C’est pour cette raison que dans cette vidéo je tenterai d’être le plus clair et précis possible, pour vous aider au maximum.
Je vous propose donc d’analyser nos faiblesses,
puis de voir ensemble des techniques pour mieux voir et corriger les erreurs dans vos dessins.
Voici 4 types d’erreurs courantes chez les dessinateurs débutants
Commençons tout d’abord par les classiques.
Lorsque vous m’envoyez des dessins, j’ai pu constater que les mêmes erreurs revenaient souvent.
1- Les erreurs de proportions
Ce problème courant chez les débutants est en général lié à deux facteurs.
Le manque d’observation et les difficultés à appréhender l’espace.
Prenons deux cas pratiques : le dessin de portrait et le paysage.
Dans le premier cas, il n’est pas rare de voir des erreurs de proportions et de
placements des différents éléments du visage, et plus particulièrement des
yeux. La raison principale est qu’en tant que débutants nous avons tendance à
oublier que le visage n’est pas une surface plane mais plutôt courbe.
comme ceci :
Il est vrai qu’en observant un visage de face cette nuance ne nous saute pas forcément
aux yeux et notre première erreur est donc de tout mettre sur le même plan sans tenir compte du volume.
Évidemment, par la suite, lorsque nous dessinons un portrait de 3/4, ces erreurs deviennent flagrantes.
Cet oubli entraîne les dissymétries des différents éléments du visage comme les
erreurs de proportions d’un œil par rapport à l’autre par exemple.
Cela peut être un effet de style ou un parti pris artistique mais si ça n’est pas
voulu, autant les éviter.
Dans le cas du paysage, c’est en général la notion d’échelle en fonction de
l’éloignement qui nous pose problème. Les proportions d’un objet par rapport
à un autre sont toujours plus simples à voir lorsqu’ils sont proches que lorsqu’ils
sont éloignés. Il n’est donc pas rare de constater des maisons ou des
personnages anormalement grands les uns par rapport aux autres.
Ce problème est directement lié à la notion de plan, le second point de blocage
dont nous allons parler…
2- Les défauts ou le manque de perspective.
Si ce point requiert de la technique, il fait aussi appel à pas mal d’instinct.
Apprendre les premières bases… permet justement de vous affranchir de la
partie technique proche de la géométrie dans la plupart des cas.
En général, la perspective permet de résoudre les problèmes courants liés à la
notion de plan et de profondeur dans une scène, mais aussi comme nous
venons de le voir… de justes proportions.
Tous ces points sont en général ce qui pêche chez les débutants.
3-Les dessins sans contraste
Lors de nos premiers essais en dessin… nous avons tendance à confondre
contraste et remplissage, en oubliant que le contraste permet de modeler et
de donner davantage de volume au sujet.
Bien souvent dans ce domaine nous avons tendance à en faire trop ou pas assez.
Il n’est pas rare de voir des dessins aux contours très marqués, sans contraste.
Toujours en prenant l’exemple du portrait, il est fréquent de voir des zones
comme les yeux ou les cheveux remplies en noir, et le reste de la peau grisé uniformément sans nuances.
Ce type d’erreur est dû au fait que le dessinateur n’a pas su bien visualiser et
tenir compte des variantes de gris intermédiaires entre les zones les plus
lumineuses et les plus sombres.
Pour éviter ce piège, il est d’abord important d’utiliser des crayons de
différentes graisses (2b, 4b, 6b par exemple) pour pouvoir nuancer.
L’utilisation d’un simple crayon scolaire hb reste assez limitée si vous souhaitez obtenir
des contrastes variés et puissants.
Ensuite, il est bon de prendre le temps d’analyser les choses, et d’abord de comprendre
d’où vient la lumière et où se situe l’ombre en opposition.
4- Le tracé naïf et maladroit
Les premiers gestes précis que nous effectuons en dessin vers l’âge
de 3-4 ans concernent la forme circulaire fermée. C’est d’ailleurs une étape universelle
et naturelle chez l’être humain. Une transition entre le gribouillage et
l’acquisition d’un geste plus contrôlé qui nous mènera plus tard à l’écrit.
Nos premiers dessins n’échappent pas à cette règle. Nous dessinons en général
une maison en suivant logiquement le contour jusqu’à avoir fermé totalement
la forme, comme ceci :
Le souci est que cette logique à tendance à perdurer et, en tant qu’adultes
pratiquant le dessin, nous avons tendance à l’appliquer instinctivement. Les
contours sont importants en ce sens qu’ils représentent la structure même de la construction d’un dessin.
Mais pour donner un aspect plus réaliste, il est inutile voire déconseillé de les
faire apparaître de manière trop régulière et systématique.
C’est un défaut courant chez les débutants qui ont tendance à cerner leur
dessin en pensant faire ressortir le sujet.
Car cet effet annule au contraire la force et le dynamisme d’un tracé vif apparaissant légèrement et partiellement.
Voilà pour ces erreurs courantes.
Bien-sûr, il en existe d’autres, mais elles sont toutes plus ou moins associées et se reportent en général
à ces 4 fondamentaux du dessin.
Astuces pour mieux voir les erreurs dans vos dessins et pouvoir les corriger plus facilement
1-Apprendre le dessin ou la peinture est avant tout un entraînement visuel.
Une séance est un investissement énorme en termes de concentration et d’énergie.
Au bout d’un certain temps, et lorsque la fatigue se fait sentir, on a du mal à
voir les défauts de notre travail. Si vous atteignez ce stade, c’est tout
simplement qu’il est temps de faire une pause ou d’arrêter.
Bien souvent, lorsque l’on reprend tout devient plus clair et ce que l’on
n’arrivait pas à distinguer nous saute souvent aux yeux.
Donc, stopper pour mieux reprendre, inutile de forcer les choses… Vous ne ferez
que perdre plus de temps en voulant en gagner.
2- Voici maintenant trois techniques qui vous permettront de visualiser plus rapidement vos erreurs.
La première technique est très connue mais mérite d’être soulignée tant elle
peut influencer l’évolution de notre travail :
Se Reculer.
C’est ce qui nous permet d’avoir une vision plus globale de notre dessin.
Cette vision d’ensemble nous donne à la fois des informations sur la structure
générale de notre dessin et un autre point de vue sur les détails.
Car les deux points sont bien entendu liés.
Que vous travailliez à la verticale sur un chevalet, ou bien sur une table, stopper
votre travail régulièrement puis reculer d’un mètre ou deux pour mieux
observer permet en général de résoudre pas mal d’erreurs.
Autre technique très efficace : Inverser
Là encore le principe est basé sur le même levier : changer de point de vue pour mieux voir.
Vous mettez simplement votre toile ou votre feuille à l’envers puis, si vous
utilisez une photo comme modèle, vous faites de même avec celle-ci.
Mais dans ce cas, le changement visuel est encore plus radical.
Car le fait d’inverser une image permet de ne plus tenir compte de la signification de
votre sujet, et de l’analyser uniquement sur le plan graphique. Les défauts de
placements ou de proportions, dans le cas d’un portrait par exemple, vous
apparaîtront bien plus clairement.
Voici une dernière astuce synthétise un peu les deux précédentes.
Beaucoup de peintres préfèrent travailler à même le sol, d’une part pour
avoir un recul suffisant et observer plus globalement ce qu’ils créent, et
d’autre part pour pouvoir modifier leur point de vue en tournant autour de leur format.
Cette façon de travailler est dynamique et vous procurera une grande
liberté à la fois d’exécution et d’observation.
3- On a tendance à croire qu’il faut avoir suffisamment avancé son travail avant de l’analyser.
La création d’un dessin ou d’une peinture ne se limite pas à l’action.
Nous passons (ou devons passer) généralement plus de temps à observer et comprendre qu’à dessiner.
Pour travailler efficacement, il est essentiel
de basculer régulièrement de l’observation à l’analyse, et de l’analyse à l’action.
C’est un processus naturel, et quasi permanent chez tous les créateurs.
Malheureusement, en tant que débutants nous avons tendance à le négliger.
Par manque de patience nous préférons en général agir et juger ensuite.
Si vous attendez la fin avant de vous poser les bonnes questions, les risques
de vous tromper et d’échouer seront beaucoup plus élevés.
Donc appliquez ce conseil dès le début de votre esquisse.
4- Le regard de l’autre
Voici une citation à propos de l’autocorrection parue dans wikipédia
“Dans la communauté, l’élève développe des habiletés critiques et
d’autocorrection, car ses idées sont soumises à la réflexion et à la critique
des autres.” — (Louise Lafortune, Pierre Mongeau, L’affectivité dans
l’apprentissage, page 34, 2002.)
Cette citation nous dit qu’au contact d’un groupe, nous apprenons du regard
des autres à voir ce que l’on n’aurait pas vu seul.
Mais, plus intéressant encore, la critique émise par une autre personne (si elle est
pertinente) nous sera aussi utile sur le long terme et pourra nous
aider plus généralement à chaque fois que l’on rencontrera un problème similaire.
Petit bémol, attention tout de même à ne pas trop multiplier les avis.
Car nous ne sommes pas tous entourés d’experts, et demander l’avis de 10
personnes revient souvent à avoir 10 avis différents.
Cette démarche risque donc d’avoir l’effet inverse en vous faisant douter et en
vous empêchant au final de prendre la bonne décision.
La bonne formule reste de recouper les 2 ou 3 remarques qui vous semblent
pertinentes avec votre propre avis. Et de savoir trancher ensuite.
Tout comme la création, apprendre à analyser et à se corriger est un muscle qui se travaille de façon permanente.
Mais attention, pour que ces conseils fonctionnent, il est important que votre
jugement soit systématiquement accompagné d’un travail d’analyse et de réflexion.
Apprendre à dessiner en autodidacte necessite vraiment de rendre ce travail le plus naturel possible.
Pour faire simple, le “c’est nul” ne vous mènera nulle part excepté au
découragement, mais le “c’est nul parce que… et voici comment améliorer les
choses” lui est le meilleur chemin vers la progression.
Si cette article vous a intéressé et que vous souhaitez recevoir plus de contenu pour vous améliorer,
vous pouvez vous abonner aux e-mails privés.
Vous n’allez pas recevoir une simple newsletter, mais des vidéos pédagogiques,
des mails contenant des exercices, des podcasts et des articles pour vous aider à progresser et vous motiver .
Bon dessin 😉
Léo.
Vidéo très intéressante qui va m’être utile dans la pratique car je suis amenée très souvent à devoir me corriger moi-même avant de solliciter une tierce personne. Merci pour tous ces conseils.
Merci Leo.c’est vrai que cen’est pas évident de progresser en solitaire.Vous êtes non seulement merveilleusement pédagogue mais toujours positif.c’est top!!!!!
Bonjour Fabienne,
Effectivement entant qu’autodidactes apprendre à s’autocorriger est essentiel pour nous.
Merci à vous et bon dessin 😉