Voici un portrait qu’une élève m’a gentiment envoyé.
C’est celui d’Élodie.
Si j’ai choisi celui-là,ce n’est pas pour montrer spécifiquement les défauts du travail d’Élodie,mais parce qu’il caractérise bien 3 erreurs que nous sommes très très nombreux à faire, notamment lorsque l’on dessine un visage en perspective de ou de 3/4.
Les proportions et les espaces.
La vision de la perspective et du volume qui permet une construction juste d’un visage.
Et le contraste, qui permet de donner vie au portrait en accentuant le volume et le réalisme par la création des ombres et de la lumière.
Nous verrons plus tard d’autres exemples de ces différents cas.
Comment dessiner un visage simplement : tutoriel complet en vidéo
3 erreurs à éviter pour dessiner un visage correctement.
Nous allons maintenant essayer de comprendre d’où viennent ces 3 erreurs, pourquoi elles n’ont qu’une seule et même cause et comment éviter de les reproduire systématiquement.
Je vous donnerai également deux très bons exercices pour améliorer la structure, le volume et la qualité graphique de vos portraits.
Analysons d’abord ces erreurs plus en détail :
Erreur 1 : les proportions du visage
Dans le portrait de Mattéo : La première erreur qui peut sauter aux yeux, c’est que le visage paraît plus fin que celui du modèle.Ensuite, on peut repérer la proportion du nez, beaucoup moins important que sur la photo.Cette simple erreur influe sur l’écart entre les yeux, la position de la bouche et fausse totalement la structure.Pourtant, je veux bien croire que Mattéo s’est appliqué et a pris des mesures rigoureuses pour faire son dessin.Mais nous reviendrons ensuite sur l’élément majeur qui a pu déclencher ces mauvais jugements.
Erreur 2 :
La vision du volume et la difficulté à dessiner la perspective
Chez Francis, c’est clairement ça qui pêche. On sent un vrai problème à voir, percevoir et rendre le volume.Le visage et la chevelure du modèle sont totalement plats. Et c’est vraiment ce qui saute aux yeux immédiatement.
Erreur 3 : Bien dessiner les ombres
Le dessin de Marie-Louise est dans l’ensemble mieux proportionné. Mais on sent clairement une gêne pour identifier la lumière et poser correctement les ombres. Du coup son portrait manque de contraste et perd énormément de dynamisme.
Si ces 3 erreurs reviennent dans tant de dessins, ce n’est pas par hasard.
Elles sont clairement liées et on pourrait même dire qu’elles représentent en réalité un seul et même problème :notre fâcheuse tendance à faire des crêpes. Le plus troublant pour nous tous, c’est notre manque de vision intuitive de la perspective et de perception des formes dans l’espace.
Pour cette raison : nous avons un mal fou à tricher.
Percevoir la perspective et la transposer en la dessinant est pour notre cerveau ce que l’on appelle “une vue de l’esprit”. Depuis notre enfance, nous savons qu’un carré est composé de droites perpendiculaires entre elles et d’angles droits. C’est ancré en nous. Et c’est quand nous devons transposer et dessiner ce même carré en perspective que tout vole en éclat.
Si l’on revient au portrait de Mattéo, c’est exactement cette erreur qui a entraîné les autres.
On voit clairement ici que l’axe situé au milieu du visage est totalement droit. Son esprit logique et ses connaissances ont court-circuité son jugement et sa vision du réel.
En effet, ce conflit mental intervient lorsque ces connaissances basiques et élémentaires sont brusquement remises en question. S’il s’agit d’un cube et qu’aucun angle n’est droit, alors nos références sont bouleversées. “Nous ne savons plus rien.”
C’est en cela que pour beaucoup de gens le dessin est un “talent” un peu “magique” et le fameux “trompe-l’œil” illustre bien ce principe. Tromper notre œil, c’est tromper notre jugement.
Voyons maintenant comment cette difficulté peut influer sur l’ensemble d’un dessin en créant une réaction en chaîne.
Un dessin plat vient d’un manque de compréhension du volume, et si vous ne parvenez pas à voir le volume, les proportions seront bancales, et il sera quasi impossible de savoir comment l’accentuer en ajoutant les ombres correctement.
Certains manuels de dessin, articles ou vidéos se basent sur les méthodes “classiques” et académiques au sujet du portrait et même du corps humain. Il s’agit de se baser sur des mesures et des critères de proportions établis. D’autres méthodes, comme celles de Andrew Loomis ou Frank Reilly (pour ne citer qu’eux), proposent une approche pour construire un visage de manière logique. Chez beaucoup de pratiquants, elles ont fait leurs preuves et il m’arrive également de préconiser ce type de méthodes, car je sais qu’elles sont utiles et constituent une aide précieuse pour construire un visage.
Mais hélas, je sais aussi par expérience que cette logique est loin de convenir à tout le monde.
De nombreux pratiquants tentent d’appliquer ces méthodes et se perdent en utilisant leurs principes de construction. Surtout quand la pose devient complexe ou inhabituelle. Toute leur attention se focalise sur le report correct des repères et ils passent plus de temps à vérifier la justesse de leur tracé qu’à d’observer le plus clairement possible ce qu’ils ont devant eux.
Tracer des repères pour prendre en compte l’aspect curviligne du visage et le placement des différents éléments n’a pas empêché Florence de se tromper dans les distances, les proportions et la dissymétrie des parties gauche et droite du visage due à la perspective. Dans son dessin, les deux hémisphères sont quasiment égaux et l’effet de perspective est donc effacé.
C’est aussi le cas pour le dessin de Nathalie. On sent un conflit inconscient à vouloir simplifier les choses en dessinant un visage de face plutôt que de profil. Et ce malgré ses connaissances et les repères qu’elle a tracés au préalable pour construire en volume. Il y a plusieurs erreurs qui nous le prouvent mais la plus flagrante est la zone de l’œil en arrière-plan. Nathalie l’a quasiment dessiné comme s’il nous observait, et suivant cette logique le sourcil est également beaucoup plus important que sur le modèle. Même chose pour le nez et la bouche.
Tout change en fonction du modèle.
Si la morphologie ou la position du modèle dans l’espace est différente, on fait face à une nouvelle problématique à chaque fois. Et c’est dans ces moments-là que nos capacités d’adaptation et d’intuition sont très importantes. Et si vous vous en remettez à une logique préétabli, vous réduisez ce que vous voyez à ce que vous connaissez déjà. Une sorte d’image double dans laquelle vos connaissances et l’image captée en temps réel viennent se superposer. Comme nous venons de le voir.
Bref, s’il suffisait de suivre des repères, tout le monde serait capable de dessiner plus rapidement.
A ces connaissances techniques et anatomiques, nous avons besoin d’ajouter d’autres compétences.
Comme un chef d’orchestre, une seule prédomine et supervise l’ensemble de l’élaboration d’un dessin : La perception
C’est la seule et unique compétence qui vous permettra d’avoir une vision juste à la fois des contours et des formes, des espaces et du volume (que nous venons d’aborder), mais qui vous permettra surtout de créer une relation entre toutes ces choses. Et de mener à bien votre projet de l’esquisse aux derniers détails.
Voyons ça de plus près :
Les espaces : c’est ce qui existe partout dans un dessin.
À l’intérieur du sujet comme à l’extérieur, ils peuvent être vides ou pleins. Beaucoup s’arrêtent à l’observation du modèle lui-même, mais pour bien construire et capter une pose, ce qui se passe autour est essentiel.
Les contours : ce sont les traits qui délimitent ces espaces. Ils peuvent également être plus ou moins visibles et peuvent se situer aussi bien à l’intérieur qu’à l’extérieur d’un sujet. Nous y reviendrons dans l’exercice qui va suivre.
Reste le volume : l’approche qui manque au dessinateur est qu’il perçoit mal ce point ou uniquement de manière théorique.
Dans un excellent livre, “The Natural Way to Draw”, Kimon Nicolaïdes nous détaille un point de vue intéressant : un bon dessinateur ne fait pas que voir clairement une forme, il la ressent.
Quand vous touchez une boule de billard, vous visualisez instantanément sa forme et vous n’avez aucun doute sur le fait qu’elle est sphérique. Et si l’on vous met dans la main un objet complexe que vous connaissez en vous bandant les yeux, vous serez capable de le décrire précisément. Mais c’est la même chose si je vous mets dans la main un objet que vous n’avez jamais vu de votre vie. On peut donc déduire simplement de cette expérience que nos capacités de perception ne se limitent pas à la vue.
En dessin, le ressenti est très important. C’est en ça qu’un sculpteur aura une bien meilleure appréhension du volume et des formes dans l’espace. Et qu’il sera beaucoup plus simple pour un dessinateur de passer à la sculpture.
Ce ressenti, c’est ce que notre esprit logique essaie en permanence de contrer.
Voici maintenant deux exercices de dessin très efficaces pour débuter :
Prenez une série de n’importe quel visage, et amusez vous très rapidement à travailler des silhouettes en épaisseur sans passer par les contours.
Exercice 1 : Pensez uniquement à la masse globale du crâne, de la mâchoire et des éléments importants du visage. Commencez par des profils puis passez aux personnages légèrement de 3-4. Ne cherchez pas à les remplier parfaitement, mais juste à modeler la forme en oubliant le contour et en pensant juste à la structure globale.
L’idéal étant de commencer par un objet sphérique que vous avez chez vous, une petite sculpture ou une théière par exemple que vous allez pouvoir observer sous tous les angles. Vous pourrez aussi utiliser cette technique pour travailler certaines zones du visage et ainsi mieux comprendre le modelé d’un nez par exemple. Comme si vous deviez sculpter et assembler les formes entre elles.
Second exercice : Il est à la fois inverse et complémentaire pour stimuler notre perception des contours.
Prenez une série de photos d’un objet et essayez de distinguer uniquement le contour en faisant abstraction du reste. Dans la réalité, le contour est une ligne imaginaire. Mais c’est ce qui permet de donner vie à nos dessins.
Elle représente la transition entre l’extérieur et l’intérieur d’une forme. Entraînez-vous mais cette fois en vous forçant à penser uniquement en termes de contours. Oubliez l’intérieur des formes, leur poids, ce qui compte est uniquement le tracé qui les délimite. De la même manière, utilisez d’abord des profils, et passez à d’autres poses.
Poussez ensuite l’exercice en délimitant les espaces de transition entre chaque élément du visage un peu comme si vous délimitiez sur une carte les contours des océans ou à l’inverse ceux des continents.
Dernières choses à savoir sur ces méthodes pour dessiner des visages
La sensation et le geste mis en lumière par Kimon Nicolaïdes ou Betty Edwards sont très peu évoqués dans les manuels d’apprentissage, mais des arts ancestraux comme la peinture chinoise sont en grande partie basés sur le lien entre l’esprit et le geste. Si vous décidez d’apprendre à peindre ou dessiner, le ressenti est déterminant pour mieux comprendre et évoluer dans votre discipline.
Le but de cette vidéo n’est pas de comparer ni d’opposer les deux méthodes, car un apprentissage complet ne peut se baser uniquement sur l’une ou sur l’autre. Mais c’est le développement et l’association de toutes ces compétences qui feront de vous un bon portraitiste. Alors ne vous limitez pas. Essayez.
Pour finir, un grand merci à tous celles et ceux qui y ont contribué en m’envoyant leurs portraits.
Si vous avez aimé ce contenu, et que vous souhaitez aller plus loin, je vous envoie chaque semaine, des exercices, des conseils pour progresser, et vous motiver dans votre apprentissage.
Si ça vous intéresse, dites-moi juste à quelle adresse vous envoyer ça :
[awber_form_bottum_post]
Bon dessin 😉
Léo.
Merci Leo pour cette passionnante video.si je n’ai pas envoyé de dessin c’est que je n’ai pas osé mais j’écoute, lis et tiens compte de tous tes conseils en espérant le declic.bravo pour ton implication.bonne continuation
Ghislaine
Merci Léo pour les conseils et exercices simples . Ta vidéo est très instructive.
À la prochaine
bonjour je commence tout juste à dessiner des portraits que je recopie et que perso je trouve pas mal j’aimerais avoir des conseilles pour faire de beau portrait réaliste
Vos conseils me semblent fort utiles
J’espère surtout qu’ils vous aideront
Merci.
Bonjour Léo
Merci pour vos conseils.
Le portrait me plaît beaucoup , j’aime dessiner , bien sur je n’ai aucune bases , je dessine un peu au feeling , sans trop savoir si je suis dans les bonnes proportions , mais j’entends toujours parlée de volumes et d’espaces , j’avoue que je suis un peu perdue et par moments découragée je ne sais pas trop, par où commencer .
Quels conseils me donneriez vous ?
Peux t’on vous envoyer des photos de nos dessins et comment ?
Svp .
Merci.
J aime votre approche et suis intéressée pour recevoir des conseils liens ou autres
merci
Bonjour,
N’hésitez pas à vous abonner à notre newsletter pour recevoir tous nos conseils 🙂