Bien que notre destin n’en dépende pas et qu’apprendre à dessiner et peindre ne changera pas le cours (immédiat) de notre vie, la condition psychologique dans laquelle nous sommes avant et pendant la pratique est assez particulière et propre au processus de création. Nous dessinons principalement avec notre cerveau, et l’état dans lequel nous nous trouvons dans ces moments de création influe énormément sur notre manière de faire et de dessiner. Trop de nervosité, d’agacement ou de stress entraîneront à coup sûr
blocage et ratage. Nous sommes tous un jour ou l’autre concernés par des émotions et des pensées négatives. Et malheureusement, elles réussissent même à s’immiscer dans la pratique de nos loisirs. Savoir d’où elles viennent, les comprendre et les gérer est un facteur important pour apprendre le dessin et les disciplines artistiques.
1/ Observer et trouver comment mieux dessiner
C’est sans doute le pilier essentiel du processus de création et pourtant, énormément de gens font l’impasse ou négligent ce moment précieux. L’observation vous permet non seulement de comprendre et d’analyser votre sujet, mais aussi de faire la transition entre votre quotidien et votre pratique. En parcourant chaque détail, couleur, ombre, lumière, vous vous plongez totalement dans votre sujet. Vous vous coupez du reste et de toutes les pensées qui pourraient venir parasiter votre création. Car bien plus que vos mains, votre cerveau et vos yeux sont les outils principaux pour votre pratique artistique. Il y a toujours un temps d’adaptation avant de s’immerger totalement dans le processus créatif. Vous jeter directement sur votre crayon ne donne souvent aucun résultat immédiat. Ou alors celui de rater pour recommencer. Pour ceux qui souhaiteraient en apprendre plus sur les différentes façons d’observer en dessin, j’ai consacré un article assez complet sur le sujet, ne vous en privez pas !! 😉
2/ Apprendre à dessiner c’est aussi apprendre à rater
Apprendre, c’est d’abord apprendre à rater (valable pour le ski, le vélo et beaucoup d’autres disciplines… ;) Parmi les sentiments venant parasiter la création, c’est évidement celui de rater et de ne pas réussir correctement que nous partageons tous à un moment de notre apprentissage. C’est d’ailleurs le type de peur le plus fréquemment cité par tous ceux qui pratiquent et souhaitent progresser. C’est justement ce type d’angoisse immédiate qui conduit à la perte de ses moyens et à l’échec. En tant que perfectionniste, j’étais moi-même un grand angoissé et je ne tenais pas compte du niveau de stress que pouvait générer cette fameuse peur du dessin raté. Jusqu’au jour où un peintre m’a fait prendre conscience de ce piège et du fardeau que je traînais. Il m’a dit : «tu peins, donc moque-toi du résultat». J’avoue que, sur le moment, je n’ai pas saisi le sens de sa phrase. En réalité, c’est probablement le conseil qui m’a le plus aidé dans ma vie de dessinateur. Soyons réaliste, quel sont les risques réels que vous courez à rater une peinture ou un dessin ? Gaspiller une toile ? Non, car en général, vous pouvez repasser dessus. Perdre du temps ? Non plus car vous aurez de toute façon appris de vos erreurs. Gâcher une feuille ? Là, on peut se dire que la perte est assez limitée. Donc : relativisez!, ne vous bloquez pas car, d’une part, beaucoup de choses sont rattrapables en dessin ou en peinture. D’autre part, votre cerveau a besoin de vous à 100% focalisé sur ce que vous faites, au présent. Vous encombrer de cette peur est une perte considérable de réflexion et d’énergie. Quand vous sentez ce sentiment poindre à l’horizon, stoppez un moment, prenez du recul et reconcentrez-vous sur votre sujet et votre technique de dessin. Même si de petites appréhensions peuvent nous stimuler dans certains moments importants, comme des examens ou des travaux à rendre, savoir se détacher de la peur de l’échec vous permet de conserver pleinement vos capacités à créer et à progresser.
3/ S’échauffer avant d’aborder la difficulté
Autre étape importante pour l’artiste (en herbe ou professionnel) : la mise en condition. Correspondant à l’échauffement chez le sportif, cette période liant action et réflexion se caractérise généralement chez moi (comme chez beaucoup d’autres) par l’exécution d’un ou plusieurs croquis rapides. Ce travail d’esquisse vous permet non seulement de prendre de l’assurance avec votre outil, mais aussi et surtout de cerner les difficultés de votre sujet. Une schématique simple pour installer les proportions, un placement des masses et des ombres principales vous permettront d’aborder sereinement votre travail. Je sais que beaucoup d’entre vous sont pressés de commencer directement leur réalisation. Mais avec l’observation, le croquis doit être le commencement réel de chacun de vos dessins ou peintures. Pour résumer : plus vous réfléchissez et vous décortiquez votre sujet au préalable, plus vous serez préparé aux difficultés et donc détendu dans votre pratique. Encore une fois, la logique ne ment pas !
Exercice pratique pour lâcher son trait :
Dans le même registre, je vous conseille un petit exercice utile pour vous échauffer et développer votre trait, surtout si vous souhaitez pratiquer le dessin d’imagination. C’est quelque chose que je pratique souvent et il vous permettra à la fois d’exercer votre trait, de vous détendre et de découvrir des formes que votre cerveau et votre main ne reproduisent pas naturellement. Il s’agit de dessiner en continu, sans que votre main ne se détache de la feuille, en étant très léger et en ne réfléchissant pas à ce que vous souhaitez reproduire. Laissez vraiment votre crayon se promener, vous verrez que ce tracé fluide abstrait finira par vous évoquer certaines choses, animaux, humains ou objets qui pourront être le point de départ d’un dessin plus construit. Quand une idée vous vient, soyez très léger et progressif, ne cherchez pas à foncer et concrétisez tout de suite votre idée. Quand nous dessinons, nous avons tous tendance à reproduire instinctivement les mêmes formes. Cet exercice a plusieurs avantages : il vous permet de travailler votre trait de manière abstraite et donc de développer votre créativité, mais aussi d’apprendre à décontracter votre gestuelle et de pratiquer autrement et de manière plus détendue. En pratiquant ce petit exercice régulièrement, ne serait-ce que quelques minutes, il m’est arrivé d’être surpris par ce qui pouvait en ressortir. C’est quelquefois le point de départ de créations inattendues.
5/S’immerger totalement, se concentrer sur chaque détail
Il faut souvent un long moment pour atteindre un niveau de concentration suffisant pour se sentir pleinement en phase avec son travail. Une sorte de bulle que nous créons nous coupe de tous les éléments qui pourraient venir perturber cette phase de création. Rares sont les gens qui ne ressentent pas le besoin de calme et d’isolement pour parvenir à atteindre cet état de concentration totale. Même si beaucoup de gens pratiquent le dessin et la peinture en cours collectifs, ces disciplines doivent quand même se pratiquer dans un environnement calme et nécessitent également des séances de travail solitaire. C’est un facteur essentiel pour produire et créer de manière efficace. Un bon moyen pour atteindre cet état d’immersion est de se concentrer sur une partie de votre sujet. Cette technique permet à votre oeil de se focaliser uniquement sur ce détail et de percevoir la forme de manière précise, indépendamment du reste. A ce moment précis, rien n’existe à part vous et votre dessin, vous êtes donc à 100% entré dans le processus créatif, loin de tout sentiment parasite.
6/Faire des pauses (c’est aussi mieux voir ou voir différemment)
Ce dernier conseil correspond au fameux adage “reculer pour mieux sauter”. Effectivement, quand on ne parvient pas à surmonter certaines difficultés, beaucoup d’entre nous ont tendance à s’acharner. Parfois, il m’arrive encore de tomber dans ce piège quand je veux absolument réussir et surmonter (trop rapidement) la difficulté. Cette attitude est en réalité totalement contre-productive. Avec le temps et l’expérience, je me suis rendu compte que le stress et la tension qu’engendre ce type de blocage font baisser considérablement votre niveau d’attention et d\’observation. En résumé, plus vous vous énervez, plus vous ratez et plus vous vous enfermez dans une spirale de l’échec. Pour éviter ça, le moyen le plus simple est de tout stopper et de se déconnecter de son sujet. Bien sûr, dans certains cas, persévérer et insister permettent de résoudre les difficultés. Mais au bout d’un moment, trop d’observation tue l’observation et vous ne parviendrez plus à voir votre sujet de manière lucide. Bien souvent, une difficulté que vous trouviez insurmontable à force d’échecs répétés vous paraîtra facile à résoudre après avoir fait une bonne pause. Pourquoi ? Tout simplement parce que vous aurez un regard neuf sur votre travail. Arrêter ne veut pas dire abandonner, vous gagnerez en temps et en énergie (1h, 2h après ou le lendemain) ce que vous avez perdu à vous décourager et à stresser. Alors même si ce conseil peut vous paraître banal, il sera utile de vous en souvenir au bon moment 😉
Vastes sujets que le stress et la concentration… J’espère que ces quelques conseils changeront votre manière d’envisager la création et influeront sur votre manière apprendre le dessin. L’énervement et la déconcentration sont liés à la passion. Plus vous êtes exigeant avec vous-même, plus vous risquez d’y être confronté. Souvenez-vous, la maîtrise technique passe avant tout par la maîtrise de nous-mêmes.
Alors restez zen!
Bon dessin à tous 😉
Léo.
Bonjour,
je n’arrive pas à peindre mon chien, un berger des Pyrénées tellement ses poils sont différents, poils longs, comportant du noir, du blanc, du roux, du beige, par contre j’y arrive aux pastels secs. Comment fait-on pour obtenir la couleur rousse, beige? désespérée…
Merci d’avance
Bonjour,
Peindre le pelage du chien avec différentes teintes est vraiment compliqué. Ne vous focalisez pas sur toutes les teintes. Le tout est de donner l’impression du pelage. Essayez de procéder par couches successives. Commencez peut être par une couleur brun/sombre qui représentera l’ombre qu’il y a entre les poils. Ensuite, repassez cette base avec la couleur dominante du pelage en laissant apparaître le brun de temps en temps pour donner du volume aux poils. une fois que vous avez cette base vous pouvez ajoutez les autres teintes. Pour la teinte rousse/beige, utilisez un mélange de jaune, rouge et bleu avec du blanc. Faites d’abord des essais sur une zone facile. Surtout prenez du recul 😉 Bon courage Liliane!
Bonjour je suis au collège et j aime beaucoup ce que tu fais j aimerai faire pareil. j ai une page de présentation en art plastique a faire mais je ne sais pas dessiner ( je n ai pas le coup de crayon comme toi ) aurais tu quelques conseils a me donner par rapport a cela ? Merci d avance Tom.
Bonjour Tom,
Mon premier conseil est de répondre à la question “aimes tu vraiment dessiner?” Si oui, alors il faut t’entrainer et les progrès viendront.
Mais sache une chose, on ne se lève pas un matin en sachant dessiner.
Mon coup de crayon comme tu l’appelles c’est plus de 20 ans de pratique et de passion.
Merci à toi 😉
MERCI Léo ce blog est une mine d’or un bijoux inestimable pour moi qui ai cessé de peindre il y a. ..bref suite à un différent j’ai cessé et j’ai énormément perdu de tout ce que mon cher grand père a commencé à me transmettre à 7 ans j’en ai aujourd’hui 38 et j’ai envie à mon tour de partager avec mes enfants. Mon orgueil s’étant dissipé j’ai découvert ce magnifique blog et m’y suis remise spontanément. Vos conseils sont clairs, vous transmettez votre passion avec simplicité et amour de l’art. Pour tout ça MERCI cher désormais nouveau professeur! Bien à vous et j’espère que je retrouverai mon coeur d’artiste. Une élève en rédemption 😉
Bonjour Lyl,
La création est aussi une transmission, et ce que vous croyez avoir perdu peut revenir avec un peu de pratique.
Un grand merci, pour ce partage et vos futurs créations !!
à bientôt;)