Avant toute chose, sachez que le titre de cet article ne tient évidemment pas ses promesses.
Cette vidéo n’a pas la prétention de faire de vous un génie du dessin.
Si vous êtes déçu, vous pouvez donc zapper et passer à autre chose.
Mais je souhaitais attirer votre attention sur un point très important qui peut changer votre votre manière d’apprendre et de pratiquer.
Apprendre mieux en suivant les conseils d’un génie du dessin :
Voici deux citations qui suffisent à résumer l’état d’esprit et le parcours d’un vrai génie :
Picasso.
“Dans chaque enfant, il y a un artiste. Le problème est de savoir comment rester un artiste en grandissant.”
“Quand j’étais enfant, je dessinais comme Raphaël, mais il m’a fallu toute une vie pour apprendre à dessiner comme un enfant.”
Comme je vous le disais, le constat qu’a fait PICASSO nous en dit énormément sur son évolution artistique.
Car effectivement, Picasso, à 11 ans, dessinait comme ça :
En voyant ce dessin, on ne peut qu’être impressionné par l’incroyable précocité technique de Picasso.
Mais en poursuivant cette voie classique et réaliste toute sa vie, le génie de Picasso aurait-il résisté à l’épreuve du temps?
Aurait-il su traverser les époques ?
Ou aurait-il été simplement considéré comme un bon peintre classique un peu poussiéreux au milieu des autres ?
Les monuments historiques, les châteaux et les musées sont en général garnis de toiles d’artistes inconnus,
dont la technique de dessin n’est pas à remettre en question, mais qui n’ont pas pu ou su accéder à un rang supérieur.
En bref, selon lui, cette volonté qu’avait Picasso à vouloir conserver cette âme d’enfant aurait grandement contribué à son génie créatif.
Nous allons voir dans cette vidéo ce que nous pouvons apprendre de l’enfant dessinateur,
et comment nous pouvons l’utiliser en tant qu’adultes pour être plus créatifs.
Pourquoi apprendre à dessiner comme un enfant
Pour commencer, je passerai rapidement sur l’évolution complète du dessin chez l’enfant,
et je m’arrêterai sur un stade particulièrement intéressant auquel Picasso faisait allusion :
l’âge de 3 à 5 ans.
Lorsqu’un enfant de cet âge-là dessine, il est totalement détaché du mode de représentation que nous affectionnons tous :
LA COPIE
Et même si il s’applique à décrire les choses précisément, il ne se pose aucune question en termes de justesse de représentation, car il ne souffre d’aucune comparaison avec un modèle.
À cet âge-là, la liberté est totale…
Ou presque…
Car l’enfant s’impose tout de même quelques contraintes assez strictes lorsqu’il dessine.
Parmi elles,
LA COMMUNICATION
Nous savons depuis bien longtemps qu’avant même de parler, on peut communiquer par le dessin, nos premiers gribouillages en sont la preuve..
A quatre ou cinq ans, en dessinant, nous sommes particulièrement attachés à véhiculer une idée, à décrire une situation que nous avons imaginée, vue ou vécue.
Nous nous appliquons à communiquer le plus clairement possible.
Et pour ce faire, nous utilisons
le SYMBOLE
Selon la définition exacte,
“Un symbole peut être un objet, une image, un mot écrit, un son voire un être vivant, ou une marque particulière
qui représente quelque chose d’autre par association, ressemblance ou convention”
Cette symbolique est en gros le moyen le plus simple que nous avons pour transmettre un message.
Et elle est présente dans toutes nos créations, quelle que soit l’époque.
J’ai pris comme exemple un dessin que mon fils a réalisé à l’âge de 5 ans environ :
Avez-vous reconnu cette scène ??
Il s’agit de ce bon vieux King Kong.
Et plus particulièrement de la scène finale où King Kong se hisse en haut d’un building et affronte une escadrille d’avions.
Une scène particulièrement tragique, car nous savons que, hélas, ce héros sera vaincu.
Mais revenons au dessin.
Dans un premier temps, on peut remarquer le sens instinctif de la composition.
Un détail particulièrement frappant est la construction de cette image.
Le sujet centré et les avions pourraient être comparés à une scène de crucifixion.
Une référence symbolique et religieuse omniprésente dans l’histoire de l’art et culturellement ancrée dans l’inconscient collectif.
Même si ce parallèle n’est pas volontaire, il est parfaitement adapté à la situation, et accentue l’aspect tragique de cette scène.
En termes de composition, ce dessin d’enfant n’a rien à envier aux créations d’illustrateurs pros.
Comme celles-ci par exemple :
Un second point intéressant à observer est le sens du détail.
En effet, même dessinés en quelques secondes, les éléments placés à gauche et à droite du personnage sont reconnaissables comme des avions.
Les trois cercles pour représenter les hublots et les traces laissées dans le ciel suffisent à nous les évoquer et excluent de fait des oiseaux par exemple.
Aucun détail n’est superflu chez l’enfant, car tout doit être utile à la compréhension.
Passons maintenant au personnage.
La principale caractéristique est son expression : les bras en croix et la bouche ouverte nous indiquent bien l’action et le combat.
Un autre détail est un médaillon autour du cou qui, ici, est inventé. En ce qui concerne le graphisme, un enfant de cinq ans fait rarement des membres pleins à ces personnages, c’est-à-dire que les jambes et les bras sont à cet âge encore représentés comme des bâtons.
Ici, avec le fait qu’ils soient pleins, mon fils insiste ici l’aspect massif et musclé du personnage.
Bien entendu, les stéréotypes sont déjà là. Les croix pour dessiner les fenêtres, le rond pour représenter la poignée de porte.
Tous ces éléments symbolisent une représentation type de la maison chez l’enfant.
La plupart d’entre eux ont déjà vu d’autres dessins de maison à l’école, et commencent donc de fait à être influencés.
Ils reprennent donc ces symboles sans même y penser.
De manière très efficace, l’immeuble devient donc une maison plus haute.
Vers l’âge de 11 -12 ans environ, nous évoluons naturellement vers la copie et cessons d’utiliser cette fameuse symbolique.
C’est à ce moment-là que le jugement intervient et que le réalisme et la justesse représentative deviennent pour nous les seuls critères de qualité d’un dessin.
C’est d’ailleurs à ce moment précis que beaucoup d’entre nous se découragent et arrêtent tout simplement de dessiner.
En tant qu’adultes débutants, nous avons tendance à voir la représentation réaliste comme le Graal absolu, l’objectif ultime à atteindre.
Mais nous engageant malgré nous dans cette voie unique, nous tirons un trait sur un point essentiel de l’apprentissage :
LA CRÉATIVITÉ
Être créatif c’est l’art d’essayer, d’expérimenter, de recommencer…
C’est aussi l’ADN de notre travail, ce qui nous définit en tant qu’individu et en tant qu’artiste.
Réduire l’apprentissage du dessin à la simple notion technique est une vision scolaire et réductrice de ce qu’est une discipline artistique.
Sans créativité, nous fixons nous-mêmes des limites à ce que nous pouvons découvrir et faire et nous cessons tout simplement d’évoluer.
Nous avons tendance à croire que le manque de technique est le principal frein de notre progression.
En réalité, les choses qui nous empêchent de progresser sont d’avantages liées à notre perception et plus particulièrement à notre psychologie.
Si vous avez aimé cette vidéo et que vous souhaitez en savoir plus, je vous prépare une formation gratuite sur le sujet. Dans cette série de 3 vidéos, nous allons découvrir les biais psychologiques, et les erreurs courantes que font 90% des dessinateurs et qui les empêchent de progresser sur le long terme. Je vous donnerai, bien entendu, des exercices concrets pour répondre à ces blocages.
Bon dessin à tous 😉
Léo.